Comme dans une ruche: Uranus entouré d'un essaim de satellites

Uranus: image produced by CalvinJ. Hamilton

U.S. Mirror (if French site slow)


Résumé

Il y a encore trois ans, Uranus se singularisait parmi les planètes géantes, étant la seule à ne pas avoir de satellite irrégulier. Les satellites irréguliers sont des lunes distantes dont les orbites sont soit très excentriques, soit très inclinées par rapport à l'équateur de la planète. On pense que ces lunes sont des corps capturés en orbite autour des planètes lors de la formation de celles-ci, il y a quelques quatre milliard et demi d'années; Jupiter en a 8, Saturne 1, et Neptune 2. Puis, en 1997, une équipe d'astronomes utilisant le téléscope de 5 mètres du Mont Palomar découvrit les deux premiers satellites irréguliers d'Uranus au cours d'une brève recherche autour de la planète à l'aide des technologies modernes. Trois nouveaux satellites potentiels viennent d'être découverts cet été, portant à 5 le nombre de satellites irréguliers et 16 satellites réguliers, faisant d'Uranus le plus peuplé des systèmes satellitaires connus.

 Les derniers satellites furent découverts par une équipe internationale d'astronomes en juillet, lors d'une mission d'observation au Canada-France-Hawaii Telescope  (CFHT) au sommet du pic de Mauna Kea (altitude 4200 m) sur l'ile d'Hawaii. L'équipe était composée de Brett Gladman, Jean-Marc Petit et Hans Scholl (tous de l'Observatoire de la Côte d'Azur à Nice, France), JJ Kavelaars (Université McMaster, Canada), et Matthew Holman (Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, USA). Gladman et Kavelaars étaient déjà membres de l'équipe qui découvrit les deux premiers satellites en 1997. Les orbites circumplanétaires de ces deux lunes ayant été confirmées, les désignations temporaires S/1997 U 1 et S/1997 U 2 ont été remplacées par les noms proposés par les découvreurs: Caliban et Sycorax, dans l'attente de l'approbation définitive par l'Union Astronomique Internationale en l'an 2000.
 
 

Ces nouveaux candidats satellites sont environ 20 fois plus faible, et 4 à 5 fois plus petits que les deux lunes découvertes en 1997, avec environ 20 kilomètres de diamètre. Ils orbitent entre 10 et 25 millions de kilomètres du centre d'Uranus. Ils furent découverts grâce à la plus grande caméra électronique du monde. Cette nouvelle caméra, connue sous le nom de CFH12k, peut faire une image du ciel d'environ la taille de la pleine Lune. Utilisant ce détecteur électronique, l'équipe a observé la région autour de la planète où de petits satellites avaient des chances de se trouver. Discovery image of S/1999 U 1Discovery image of S/1999 U 2

Ces nouveaux objets n'ont été suivis que pendant quelques semaines de sorte que leur orbite autour d'Uranus est encore très mal déterminée. Il est même posible qu'ils ne soient pas des satellites, mais simplement des objets passant près d'Uranus. Mais comme le dit B. Gladman: "Etant donné la maniére dont ils suivent le mouvement d'Uranus, il est improbable que se soient des intrus."


Etapes marquantes des découvertes de cette année:

17-21 juillet 1999
L'équipe de découverte sonde la région autour d'Uranus en utilisant la nouvelle caméra CFH12k, au télescope Canada-France-Hawaii à Hawaii. Cette nouvelle caméra est une mosaique de détecteurs digitaux qui prend des images d'une grande portion de ciel; aucun autre système au monde n'est capable d'observer une aussi grande région à une aussi grande magnitude. La nouvelle caméra permit d'observer environ 90% de la portion du ciel autour de la planète où on pouvait trouver des satellites. L'équipe découvrit immédiatement 2 nouveaux candidats satellites, qui furent suivis pendant 3 des 4 nuits d'observation.

 27 juillet 1999
Les deux nouveaux candidats sont annoncés et appelés S/1999 U 1 et S/1999 U 2 dans la circulaire UAI #7230 du Centre des Petites Planètes (MPC) de l'Union Astronomique Internationale (UAI). Dans l'annonce, Brian Marsden (MPC, Cambridge, USA) note que bien que les objets peuvent très bien être des comètes passant près d'Uranus (connues sous le nom de Centaures), "l'absence d'autres objets se déplacant lentement dans les environs, avec un mouvement apparent un tant soit peu similaire à celui d'Uranus laisse supposer que ces objets sont bien en fait des satellites".

30 juillet 1999
La recherche pour les objets mobiles dans les images, conduite alors que l'équipe se trouvait au télescope, fut réalisée à l'aide de deux programmes indépendants, l'un écrit par H. Scholl et l'autre par M. Holman. L'utilisation de méthodes semi-automatiques est rendue nécessaire par l'énorme quantité de données générées par la caméra (environ 25 Gigaoctets par nuit). Ces programmes comparent 3 images prises à des temps différents et identifient des "candidats" objets mobiles; ces candidats sont ensuite montrés à un opérateur humain qui les confirme ou les rejette interactivement. Cette intervention humaine est indispensable car l'ordinateur peut facilement être trompé par un alignement aléatoire de divers signaux dans les images, tout particulièrement lorsque l'on cherche des objets très peu lumineux. Deux programmes séparés sont utilisés car les deux algorithmes différents qu'ils utilisent les rendent sensibles à des ensembles d'objets légèrement différents; de la sorte un des programmes trouvera un candidat que l'autre manquera. Dans les cas de S/1999 U 1 et S/1999 U 2, chaque objet fut découvert par seulement un des programmes lors de la première nuit d'observation (17 juillet 1999), permettant ainsi le suivi de ces deux objets pendant les 3 nuits suivantes. Cependant, les programmes d'ordinateur doivent être "ajustés" en fonction des données afin de maximiser les performances et trouver les objets les moins brillants possibles. Cela fut fait par M. Holman pendant la dernière semaine de juillet, qui explora alors de nouveau l'ensemble des images. Il en fut récompensé par la découverte d'un troisième candidat (S/1999 U 3), qui avait été observé le 17 juillet seulement. N'ayant que cette seule nuit d'observation, on ne savait même pas dans quel sens ce troisième candidat tourne autour de la planète. A partir de là, le travail critique consistait à suivre ces objets pour les voir bouger autour de la planète. Le seul moyen de prouver leur qualité de lune d'Uranus est d'obtenir suffisamment d'observations pour montrer que les objets sont en orbite autour de la planète plutôt qu'autour du Soleil. La chasse était ouverte!

S/1999 U 3 découvert par M. Holman dans les données de juillet 1999.  Discovery image of S/1999 U 3
 

7-11 août 1999
Avant même la découverte, P. Nicholson (Cornell, USA), B. Gladman et J.A. Burns (Cornell, USA) avaient obtenu du temps d'observation sur le fameux télescope de 5 mètre du Mont Palomar en Californie dans le but précis de suivre tout candidat satellite découvert au CFHT. Pendant cette période, tous les candidats furent suivis, montrant qu'ils restaient au voisinage de la planète, augmentant fortement la probabilité qu'ils soient en effet tous 3 des satellites d'Uranus. En projection sur le plan du ciel, S/1999 U 3 bouge presque radialement en s'éloignant de la planète, indiquant que nous voyons son orbite presque sur la tranche.

1-2 septembre 1999
B. Gladman, observant au télescope de 4 mètres de Kitt Peak (Arizona) avec D. Davis et C. Neese (Institut des Sciences Planétaire, USA), retrouva les trois candidats pendant les moments inutilisables pour un projet de surveillance des astéroides. Les objets continuent de suivre la planète. Les observations ont été rapportées au Centre des Petites Planètes le 15 septembre. Déjà, l'accélération des deux lunes les plus proches d'Uranus peut être détectée dans les données, augmentant encore la certitude qu'il s'agit bien de satellites de la planète.

4 septembre 1999
S/1999 U 3 est formellement annoncé dans la circulaire UAI #7248. A ce moment là, la qualité de satellite des trois objets n'était pas encore sûre à cent pour cent.

15 septembre 1999
Utilisant les observations de Kitt Peak du 2 septembre, les calculs de Brian Marsden du Centre des Petites Planètes confirment que S/1999 U 2 est bien un satellite d'Uranus.

été 2000
NEW! Tous les satellites sont rétrouvées et confirmée! Voyez Circulaires UAI ici.

Contacts en France:

Brett Gladman: Observatoire de la Côte d'Azur, (0)4 9200 3191, email gladman@obs-nice.fr URL: http://www.obs-nice.fr/gladman  
Jean-Marc Petit: Observatoire de la Côte d'Azur, (0)4 9200 3089, email petit@obs-nice.fr URL: http://www.obs-nice.fr/petit/petit.html  
Hans Scholl: Observatoire de la Côte d'Azur, (0)4 9200 3041, email hscholl@obs-nice.fr
 

Contact aux USA:

Matthew Holman: Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, Cambridge, MA, 617-496-7775, email: mholman@cfa.harvard.edu
URL: http://www-cfa.harvard.edu/~mholman
 

Contact au Canada:

JJ Kavelaars: McMaster University, Hamilton, 905-525-9140x27106, email: kavelaars@physics.mcmaster.ca, URL:http://pinks.physics.mcmaster.ca/