COMMUNIQUE DE PRESSE -- BLOQUEE JUSQU'AU 26 octobre 2000
SATURNE AU COEUR D'UN ESSAIM DE SATELLITES.
Saturne vient de reprendre la tête du classement des planètes ayant le plus de satellites connus, suite à la découverte d'au moins 4 nouvelles lunes. L'annonce faite aujourd'hui à Pasadena, Californie, au congrès de la Division pour les Sciences Planétaires de la Société Américaine d'Astronomie, émane d'une équipe internationale d'astronomes incluant : Brett Gladman, Jean-Marc Petit, et Hans Scholl de l'Observatoire de la Côte d'Azur; JJ Kavelaars de l'Université McMaster, Canada; Matthew Holman et Brian Marsden de Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics; et Philip Nicholson et Joseph A. Burns de l'Université Cornell. Quatre objets faibles ont été aperçus durant les deux derniers mois sur différents télescopes de par le monde. Le calcul de leurs orbites indique qu'il s'agit presque certainement de nouveaux satellites de la planète géante.

Les deux premiers candidats, dont les détails sont donnés dans une circulaire électronique de l'Union Astronomique Internationale (UAI), datée du 26 octobre, ont été découverts grâce au télescope de 2,2 m de l'European Southern Observatory ( ESO) au Chili. En analysant les images obtenues le 7 août 2000, B. Gladman (Centre National de la Recherche Scientifique, CNRS ) réalisa que les deux objets mobiles de faible luminosité qu'il venait de découvrir dans la lumière diffusée de Saturne pourraient bien être de nouveaux satellites de cette planète.

Les 23 et 24 septembre, B. Gladman et JJ Kavelaars observaient au télescope Canada-France-Hawaii de 3,5 m de Mauna Kea (Hawaii). Au cours d'une recherche plus exhaustive, ils retrouvèrent les deux objets découverts au Chili, et proposèrent deux nouveaux candidats (annoncés dans une deuxième circulaire de l'UAI le 26/10/2000). Travaillant en temps réel, au rythme de production des images par le télescope, ils purent prévenir d'autres équipes d'astronomes de leur découverte.

De nouvelles observations, confirmant les premières, ont été réalisées dans les jours qui suivirent par R.L. Allen (Université de Michican) au télescope de 2,4 m MDM en Arizona, C. Hergenrother et S. Larson au télescope de 1,5 m de l'Observatoire de Steward a Tucson, et A. Doressoundiram et J. Romon au New Technology Telescope de l'ESO au Chili (juste à côté du télescope 2,2 m avec lequel les deux premiers satellites avaient été découverts).

Le calcul des orbites par Brian Marsden, réalisé pour les circulaires UAI, prouvent que ces objets ne peuvent pas être des astéroïdes en avant plan. Bien qu'il soit encore impossible de prouver qu'il ne s'agit pas de comètes passant par hasard proche de Saturne, l'expérience passée tend à montrer que cela est très improbable. Plusieurs mois d'observations en continu seront nécessaires pour déterminer précisément l'orbite de ces objets; ceci devrait être accompli avant que la planète ne disparaisse derrière le Soleil en mars 2001.

Ces lunes sont ce que les astronomes appellent des satellites "irréguliers" car ils sont distants de la planète et ils ont été vraisemblablement capturés sur leur orbite après la formation de la planète. Par opposition, les satellites "réguliers" des planètes géantes, qui ont généralement des orbites quasi-circulaires proches de la planète, ont très probablement été formés à partir du disque de gaz et de poussière qui entourait chaque planète géante lors de sa formation. Le seul satellite irrégulier précédemment connu de Saturne, Phoebe, fut découvert en 1898 par W. Pickering à l'Observatoire Péruvien. Jupiter pour sa part a neuf satellites irréguliers (dont un découvert l'an dernier), Neptune deux, et Uranus cinq (tous découverts par cette même équipe en 1997 et 1999). Saturne, avec 22 satellites dépasse maintenant Uranus et ses 21 satellites. Les nouvelles lunes de Saturne ont des diamètres de 10 à 50 km, comparables à la taille des autres satellites irréguliers.

L'équipe a plusieurs autres candidats satellites qui font actuellement l'objet d'observations de suivi pour essayer de confirmer leurs orbites. Il semble qu'il y ait un très riche système de petits satellites distants encerclant la magnifique "planète aux anneaux".


Ces recherches sont rendues possible grâce au soutien du programme "ACI Jeune" du Ministère de l'Éducation Nationale, de la Recherche, et de la Technologie, ainsi que du CNRS et de l' ESO.

Page web (avec contacts): http://www.obs-nice.fr/saturn